Réforme des CCI : « Un effet pervers sur notre chambre »

Guy Métral a été élu président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Savoie, le 2 décembre 2004. Son mandat prend fin cette année.

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie livre ses commentaires sur la réforme des chambres consulaires voulue par le gouvernement. Une régionalisation qui pourrait pénaliser les structures locales les plus performantes, reconnaît Guy Métral dans cet entretien.

Comment les chambres consulaires seront-elles organisées après la réforme ?
Guy Métral. Les moyens généraux comme l’informatique, la comptabilité seront mutualisés à l’échelon régional pour des questions de coûts. Le droit d’initiative devant rester dans les CCI locales. Après les élections de décembre 2010, les CCI passeront de 150 à 125. Il y aura dans le pays des chambres territoriales, les CCIT, et des chambres régionales, les CCIR. Avec la réforme, nous allons forcément couper des branches mais pas des arbres.

Fonctionneront-elles avec le même budget qu’aujourd’hui ?
L’impôt collecté auprès des entreprises le sera au niveau régional avant d’être redistribué localement. Mais les critères de redistribution ne sont pas encore définis. Nous sommes l’une des chambres ayant un taux de pression fiscale sur les entreprises extrêmement bas*.
Avec la régionalisation, ce taux passerait pour notre chambre de 0,652 à 0,989. Soit une hausse de 52 %. Ce qui correspond à quatre millions d’euros de plus mais dont la CCI de la Haute-Savoie touchera zéro puisque l’enveloppe globale sera répartie entre toutes les chambres. Nous sommes donc dans un système de prime aux mauvais élèves. Pour éviter cet effet pervers, il faudrait indexer les ressources des CCI sur une cotation qui s’appuierait sur leur résultat.

La réforme va-t-elle entraîner des suppressions de postes ?
Il y aura des mouvements mais les chambres comme le gouvernement ne souhaitent pas de licenciements. En Haute-Savoie nous voulons plutôt orienter l’efficacité de nos 140 collaborateurs. Quant au staff exécutif, celui-ci ne changerait pas. Il y aura un président à la CCIR et des présidents dans chaque CCIT qui seront aussi vice-présidents au niveau régional. Mais il y aura une réorganisation des collaborateurs, de l’opérationnel, notamment par la mise en place d’équipes spécialisées qui seront basées dans chaque chambre.

L’association des CCI métropolitaines (regroupant les neuf grandes villes) ne voyait pas d’un bon œil la régionalisation…
Il y a eu en effet un débat entre métropolisation ou régionalisation des chambres. Je me suis battu pour la régionalisation car il y avait un danger que les petites chambres soient absorbées par les plus grosses et ainsi leur enlever toute initiative territoriale.
*En Rhône-Alpes, la CCI de la Haute-Savoie est la deuxième chambre après celle de Lyon.