Décolletage automobile : une reprise, et après ?

La reprise technique de l’activité dans le décolletage lié à l’automobile est une réalité. Chez Bontaz Centre à Marnaz (Haute-Savoie), Daniel Anghelone, directeur général du groupe, note que l’« on a remonté un peu en mars, et la reprise est plus sérieuse depuis juin. » La manière de gérer la baisse d’activité a, chez eux, été différente, car « nous sommes la seule source des constructeurs dans 80 % des cas, donc même si les volumes baissent, les risques de perdre des marchés sont peu élevés. Nous avons donc fait peu de chômage partiel, et fait du stock ».

Mais si la reprise technique est nette, l’effet prime à la casse place un gros point d’interrogation sur la pérennité de ce sursaut. Car beaucoup de pays d’Europe y ont eu recours, notamment l’Allemagne. Que se passera-t-il après l’effet artificiel ? Car si en France, il y a des chances que l’arrêt de la prime ne soit pas brutal, rien ne dit que ce sera le cas ailleurs.

De plus, l’effet a ses limites. Certains automobilistes ont pu être décidés à passer à l’achat par la prime, mais « ceux qui ont encore peur de perdre leur boulot, on ne va pas les décider », reconnaît Daniel Anghelone. Et le réservoir de “vieilles poubelles roulantes” n’est pas non plus infini. Autre bémol : les voitures d’entrée de gamme françaises sont le plus souvent construites ailleurs, en Europe centrale et orientale notamment.

Dopé à la prime à la casse, à quoi ressemblera le marché lorsqu’il roulera à l’eau claire ? Claude Morisseau, secrétaire général du Syndicat national du décolletage à Cluses, rejoint Marc Horellou, à la tête du groupe Enricau à Vougy, sur une prévision : on ne remontera pas aux niveaux précédents. « On va repartir sur des baisses de -25 %, -20 % et sur des bases régulières. De plus, les gens n’achèteront plus le même genre de voitures. »

Le marché évolue, réactivité et adaptation vont être plus que jamais nécessaires dans la vallée. En espérant que la reprise technique puisse faire la jonction avec la reprise économique globale. Mais comme le rappelle Claude Morisseau, « sur les autres marchés du décolletage, ça n’a pas encore bougé. Et très vite, septembre sera là, marquant les un an du début de cette crise. » Et à ce jour, personne n’a encore la bonne boule de cristal.

Article de David Gossart paru dans Le Messager